Date de construction : inconnue, travaux réalisés en 1777-1778
Architecte : inconnu
Ce bâtiment de trois étages sur rez-de-chaussée, haut et étroit, a abrité la fameuse imprimerie de l’éditeur et encyclopédiste Fortunato Bartolomeo De Felice (1723-1789). Locataire dès 1762, il achète le bâtiment en mars 1777. La même année, il entame des travaux d’agrandissement et d’aménagement : les fenêtres sont probablement agrandies afin de faire entrer la lumière nécessaire aux travaux d’imprimerie. Cette reconstruction de type fonctionnel pourrait expliquer la sobriété de la façade.
Italien d’origine converti au protestantisme à Berne, De Felice est à la fois professeur, éditeur, encyclopédiste et directeur d’institut. Personnalité infatigable, il est animé par la volonté de diffuser le savoir et transmettre les connaissances. Il a en effet également fondé un pensionnat de jeunes gens avec sa première femme Susanne-Catherine Wavre. Cet institut, installé juste en face de l’imprimerie au n°42, a accueilli de nombreux étudiants entre 1762 et la fin des années 1780.
Environ 170 ouvrages dans tous les domaines du savoir (droit, médecine, histoire etc.) ainsi que de nombreux ouvrages scolaires sont sortis des presses yverdonnoises de De Felice. Mais l’œuvre majeure de F.B. De Felice est sans conteste l’édition entre 1770 et 1780 des 58 volumes in-quarto de l’Encyclopédie d’Yverdon. Parmi les contributeurs de l’ouvrage, on retrouve des noms aussi célèbres que les pasteurs Gabriel Mingard, Alexandre César Chavannes et Elie Bertrand, le médecin Albrecht von Haller, le géographe Jean-Henri Andrié et le botaniste Jacques-Antoine-Henri Deleuze ou encore les mathématiciens Leonhard et Johann Albrecht Euler.
Bien que l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772) de Diderot et d’Alembert ait servi de modèle, De Felice manifeste une volonté de s’en démarquer par la réécriture et l’ajout de nombreux nouveaux articles, mais aussi par de simples compléments apportés à certains d’entre eux. Il s’agit d’une véritable refonte de l’encyclopédie de Paris et s’en distingue par son esprit plus protestant et moins polémique. Largement diffusée dans les pays d’Europe du Nord (Hollande, Allemagne, Scandinavie) et en Russie, cette œuvre a contribué de manière remarquable à la diffusion des idées des Lumières en Suisse et ailleurs et à la renommée d’Yverdon durant la seconde moitié du 18e siècle.
L’Encyclopédie d’Yverdon en chiffres :
• 58 volumes, dont 48 de textes et 10 volumes de planches de gravures
• Tirage de 3000 exemplaires
• 10 ans de travail
• 75'000 articles et 1'200 gravures
• Œuvre collaborative réalisée avec le concours d’une trentaine de spécialistes provenant de différents pays
• Large réseau de correspondants (savants, libraires etc.) avec lesquels F.B. De Felice a échangé : plus de 520 lettres retrouvées (https://www.unil.ch/defelice/)
Sources: https://www.unil.ch/defelice/;
de Félice, Christian, L'Encyclopédie d'Yverdon: une encyclopédie suisse au siècle des Lumières, Fondation de Félice, Yverdon-les-Bains, 1999; Perret-Gentil, Nathalie, Yverdon 1750-1850. Aménagements urbains et architecture privée, Lausanne, 1991 [mémoire de l'Université de Lausanne. inédit], pp. 61-63.